Le point de départ de cette composition est la mystique entourant la vie et la mort. Je souhaitais composer une œuvre sans récit et j’ai plongé dans une sorte de quête musicale vers de nouveaux mondes sonores, des enchaînements de mesures originaux, des mélodies riches en tensions et des tonalités orchestrales particulières.
Ce qui a indirectement donné lieu à cette composition, c’est la naissance de mon premier enfant, qui a eu lieu à peu près au même moment que le décès d’un membre cher de ma famille. Et c’est dans de tels moments que l’on apprend à ses dépens combien la vie et la mort sont intimement liées et combien, malgré leur immense contraste, elles se ressemblent par essence. Car d’une part, ces deux événements bouleversants sont des passages vers un nouveau monde et, d’autre part, ils ont tous deux un énorme impact émotionnel. En outre, le donneur d’ordre de l’œuvre est un orchestre qui s’appelle « Nieuw Leven » (Nouvelle Vie), et cet orchestre a lui-même perdu un musicien, décédé dans un accident d’avion, ce qui m’a conforté dans l’idée d’une parfaite adéquation de ce thème avec l’ensemble de la situation.
Je souhaite ne pas dévoiler les passages de l’œuvre qui parlent de la vie (la naissance) et ceux qui parlent de la mort. Car il me semble justement intéressant de remettre en question la conception traditionnelle y afférente et de laisser la porte ouverte aux auditeurs. Quand vous pensez qu’un passage parle de la naissance et que vous inversez cette donnée, cela suscite des questions passionnantes, aussi bien sur le plan musical que métaphysique.
De façon indirecte mais formidablement pénétrante, la musique est capable d’exprimer la quête infinie de l’homme. Elle peut, si l’on peut s’exprimer ainsi, toucher l’éternité pendant un bref instant et nous donner le sentiment d’être en mesure de dépasser la mort. Cette quête (et aussi cette aspiration) éternelle se retrouve partout dans l’œuvre : aussi bien dans les champs de sonorité et les glissements d’accent de la première partie que dans les énormes tensions et les thèmes entraînants de la deuxième partie. Dans ce cadre, la seconde mineure a la fonction d’une sorte de fil conducteur ou de point de repère qui parcourt l’ensemble de l’œuvre et sur lequel repose énormément de matériel musical. Des traces d’amour profond résonnent dans une calme simplicité dans les solos mélodieux de la partie lente, après quoi l’œuvre médite une dernière fois sur la vie et la mort, sur la joie et la peine, sur les possibilités et les limitations de l’humanité et sur la raison de toute chose.
Je souhaite dédier cette œuvre à ma tendre fille Paulientje, à Meterke et à Johan de Jong, de l’orchestre « Nieuw Leven ». Puisse-t-elle leur être salutaire, ici ou dans une autre dimension…